Le syndrome de Diogène à Saint-Denis de La Réunion : comprendre, détecter et intervenir avec humanité

Un mal encore trop souvent invisible à Saint-Denis (97400)

À Saint-Denis, capitale dynamique de La Réunion, entre les grands axes comme le boulevard Sud, la rue Maréchal Leclerc ou encore le quartier du Chaudron, une réalité demeure largement ignorée : le syndrome de Diogène. Cette pathologie psychocomportementale, encore méconnue du grand public, touche pourtant un nombre non négligeable d’individus isolés, souvent âgés. Ce trouble se manifeste par une négligence extrême de l’hygiène corporelle et domestique, un isolement social profond et, fréquemment, un entassement compulsif d’objets inutiles, parfois jusqu’à rendre le logement insalubre.

Chez Nova Clean Diogène à Saint-Denis, bien que nous intervenions en tant que professionnels du nettoyage extrême, nous avons choisi aujourd’hui de parler de cette réalité sans objectif commercial. Informer les familles, les voisins, les aidants et les acteurs de santé sur les signes, les causes et les moyens d'agir face à une situation de Diogène est notre mission.

Comprendre le syndrome de Diogène : entre pathologie psychologique et isolement social

Une définition médicale et sociale

Le syndrome de Diogène n’est pas une maladie mentale au sens strict du DSM (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux), mais plutôt un syndrome, c’est-à-dire un ensemble de symptômes souvent liés à des troubles psychiatriques comme la schizophrénie, les troubles obsessionnels compulsifs (TOC), la dépression sévère ou les démences (type Alzheimer). Il touche majoritairement les personnes âgées de plus de 65 ans.

L’INSEE estime que plus de 30 % des personnes âgées vivant seules à La Réunion sont confrontées à un isolement social sévère (INSEE, 2021). C’est dans ce contexte de solitude extrême que le syndrome peut émerger, bien souvent dans l’anonymat total d’un appartement du Bas de la Rivière ou d’une maison dans le quartier de Bellepierre.

Les signes d’alerte dans le quotidien réunionnais

À Saint-Denis, plusieurs indicateurs peuvent alerter un voisin, un travailleur social ou un proche :

• Odeurs nauséabondes persistantes dans les parties communes d’un immeuble (surtout dans les zones à forte densité urbaine comme Sainte-Clotilde ou Montgaillard)

• Volets toujours fermés, courrier qui s’accumule

• Refus d’entrer en contact avec l’extérieur, comportements de méfiance extrême

• Présence visible de déchets ou objets encombrants à travers les fenêtres

Il ne faut jamais se limiter à l’apparence de la négligence : derrière un logement encombré ou sale se cache souvent une immense souffrance psychique.

Les spécificités du syndrome de Diogène à La Réunion

Le contexte insulaire : isolement et précarité

La Réunion, bien que connectée au reste du monde, reste une île où l’accès aux soins spécialisés en santé mentale reste limité. L’ARS La Réunion a souligné en 2023 un manque critique de psychiatres, particulièrement en zone Nord et Est. Les personnes souffrant de troubles du comportement peuvent donc rester plusieurs mois sans diagnostic ni accompagnement.

À cela s’ajoute un contexte de précarité : selon l’INSEE, 39 % des Réunionnais vivaient sous le seuil de pauvreté en 2020. Les seniors sont particulièrement touchés, ce qui accentue les risques de marginalisation, notamment dans des quartiers comme Le Moufia ou La Bretagne.

Des logements collectifs à risque

Les immeubles anciens du centre-ville, les résidences sociales ou les logements insalubres de certains quartiers périphériques sont des lieux où le syndrome peut passer inaperçu pendant des années. À Saint-Denis, les interventions dans des appartements situés dans des secteurs comme Camélias ou Saint-François révèlent souvent des accumulations de déchets organiques, de papiers, de détritus, d’excréments et de parasites.

Quelles solutions humaines et durables face au Diogène à Saint-Denis ?

L’importance du signalement et du réseau social

Lorsqu’un proche ou un voisin identifie une situation à risque, il est essentiel d’alerter avec bienveillance les services sociaux de la mairie de Saint-Denis, les CCAS, ou même le SAMU social. Le signalement n’est pas une dénonciation, mais un acte de solidarité.

Il est également possible de contacter les services de santé mentale du CHU Félix-Guyon, notamment la cellule médico-psychologique. À Saint-Denis, des acteurs comme les infirmiers en psychiatrie libérale peuvent aussi intervenir en amont.

La coordination médico-sociale

Le traitement du syndrome de Diogène à La Réunion nécessite un accompagnement pluridisciplinaire :

• Un diagnostic psychiatrique posé par un professionnel

• Une évaluation sociale (par exemple par un assistant social du département)

• Une stratégie de nettoyage adaptée, souvent en lien avec une entreprise spécialisée, mais aussi avec le soutien psychologique de l’usager

Le travail ne se limite pas à vider un logement : il faut accompagner la personne dans une reprise progressive de ses repères, souvent avec l’appui des associations comme Emmaüs Réunion ou les Petits Frères des Pauvres.

Le nettoyage après Diogène : une action sanitaire, mais aussi humaine

Des conditions extrêmes nécessitant rigueur et empathie

Intervenir dans un logement touché par le syndrome de Diogène à Saint-Denis, que ce soit dans un studio à la Rue du Maréchal Leclerc ou une maison à Saint-Jacques, implique une gestion des risques sanitaires. On y trouve souvent :

• Moisissures toxiques, bactéries, urines, matières fécales

• Objets tranchants ou dangereux (seringues, débris de verre)

• Insectes (cafards, puces, mouches) et parfois rongeurs

Au-delà du danger physique, c’est le rapport à la dignité humaine qui rend ces missions délicates. Chaque intervention doit être réalisée avec discrétion, sans jugement, en respectant la personne.

Une remise en état complète pour redonner un chez-soi

Le but du nettoyage post-Diogène n’est pas seulement hygiénique. Il vise à recréer un environnement vivable, fonctionnel, sécuritaire, permettant le retour ou le maintien à domicile. Il ne s’agit pas de remplacer, mais de restaurer.

À Saint-Denis, plusieurs missions ont montré que ce travail permettait souvent à une personne de renouer avec ses proches, de reprendre un suivi médical ou même de réintégrer un projet de vie plus stable.

Prévention : une clef encore trop peu développée à Saint-Denis

Des actions locales à amplifier

Le plan régional de santé mentale 2018-2023 à La Réunion a déjà mis en avant l’importance de la prévention du mal-être psychologique. Mais dans la réalité du terrain, peu d’actions sont spécifiquement dédiées au repérage des situations de Diogène.

Il serait pertinent de :

• Former les agents de propreté urbaine, les gardiens d’immeubles ou les livreurs à détecter les signaux faibles

• Intégrer un repérage systématique dans les visites à domicile des aides à domicile et infirmiers libéraux

• Développer des campagnes d’information dans les quartiers de Saint-Denis les plus concernés

Lutter contre la stigmatisation

Le regard porté sur les personnes atteintes de ce syndrome est souvent cruel. Elles sont perçues comme sales, folles, paresseuses. Il faut rappeler qu’il s’agit de personnes souvent en souffrance, profondément seules, et qui ont besoin de compassion.

Des initiatives locales comme les cafés psychologiques, les groupes de parole, ou les ciné-débats organisés par des associations pourraient contribuer à changer le regard collectif.

Témoignages (issus d’études académiques)

Plusieurs travaux universitaires ont montré que la prise en charge réussie d’un patient atteint du syndrome de Diogène passe par :

• L’instauration d’une relation de confiance

• La reconnaissance de son autonomie malgré le trouble

• Le maintien d’un suivi médical, social et psychologique sur le long terme

Par exemple, une étude menée à l’Université de Bordeaux (2019) sur des cas de Diogène en milieu urbain montre que la réinsertion est possible, mais dépend d’une approche douce, sans intrusion brutale ni décisions unilatérales.

Agir ensemble, ici à Saint-Denis, pour ne plus laisser personne dans l’ombre

À Saint-Denis de La Réunion, le syndrome de Diogène n’est pas qu’un fait divers ou un problème d’hygiène. C’est un signal d’alarme social, psychologique et sanitaire. Qu’il s’agisse d’une personne âgée rue Jean Chatel, d’un voisin isolé à Sainte-Clotilde, ou d’un proche en rupture de lien dans les Camélias, chacun mérite d’être vu, entendu, aidé.

Agir face au Diogène, ce n’est pas intervenir une fois, c’est construire un accompagnement patient, informé, collectif. C’est reconnaître la vulnérabilité comme un appel à la solidarité.